C’était un dimanche d’automne, un de ces jours où vous passerez bien la journée sous la couette. Ce jour là a changé ma vie. Parce qu’il y avait ce corps, sans vie sur le carrelage de la salle de bain. Parce que le sang qui tacha mes mains tacha aussi chaque particule de mon cœur trop fragile. Parce que ma mère venait de se suicider. C’est une chose trop facile que le suicide. On part, et on laisse les autres gérer les problèmes derrière vous. On les laisse affronter la vie après ce choc, la vie après la mort. Chaque nuit, je revois son visage sans vie, ses traits figés pour ce qui se trouve être l’éternité. Je m’en veux de n’avoir pas pu faire quelque chose, mais je lui en veux surtout de m’avoir laissé. Elle m’a lâché dans un monde que je n’étais pas encore prête à affronter. C’est bien sur avec un certain plaisir que mon père m’a accueilli chez lui, mais ma belle mère, elle n’était pas aussi ravie de ce soudain changement. Quant à moi, je ne savais plus vraiment où j’en étais. J’avais onze ans et je devais faire comme si tout allait bien. Au fond de moi, c’était le flou total. Devais-je pleurer ou continuer ma vie comme si ce n’était qu’un accident de parcours ? Sourire était-il devenu proscrit ? Chaque endroit, chaque sortie devenait pour moi un vrai enfer. Pas tant par le fait que ma mère me manquait, mais surtout car je ne savais pas comment me comporter. Au final, j’ai fais ce que je n’aurais surtout pas du faire, j’ai tout gardé pour moi. J’ai tout enfoui au fond, tout au fond de mon cœur pour ne plus le ressortir. De temps en temps, ces angoisse refont surfaces mais pour de rares occasions. Mais j’ai gardé cette approche un peu gauche face à la mort. Je ne sais toujours pas comment réagir face à ce genre d’imprévu. Mais la mort n'est pas revenue me voir depuis ce fameux jour de novembre et je ne m’en plains pas.

J’aime cette sensation d’avoir la vie devant moi, de pouvoir vivre, espérer, aimer. Tant de sentiments que je ne me lasse pas de ressentir. Aimer se trouve être mon préféré. Ce n’est pas tant l’amour que j’aime, mais la passion, le feu ardent qui vous dévore lorsque vous apercevez l’être aimé. Je crois que je suis amoureuse de l’amour. C’est un sentiment tellement exaltant qui se trouve être à la fois le plus destructeur qui soit. L’amour peut détruire un homme. Rares sont les personnes qui ont eu l’occasion de se voir accorder ma confiance, encore plus rares sont ceux qui m’ont vu aimer, et rares sont ceux qui en sont ressorti indemne. Je n’aime pas faire les choses à moitié, quand j’aime, j’aime, je ne fais pas semblant. Je suis capable de tout donner par amour sans être capable de tout reprendre. Je laisse une partie de moi dans chacune de mes conquêtes et apprend à vivre ainsi. Je ne sais pas pourquoi les gens m’apprécient ainsi, ils viennent me voir, m’accordent leur confiance. Sans doute ne voient-ils pas que je suis pourtant prête à tout pour arriver à mes fins, surtout lorsqu’il s’agit d’amour. Mais en même temps j’aime que les gens m’aiment. J’aime qu’ils voient en moi ce que moi je n’arrive pas à voir. Colérique, je passe souvent mes nerfs sur des gens qui n’ont pourtant rien demandés, il ne fallait juste pas se trouver sur mon chemin en cet instant. Je passe souvent des rires aux larmes, de la peur au courage. Je ne me laisse jamais le temps d’avoir peur, il y a toujours une solution, la peur n’est qu’une simple vision de l’esprit. Cet esprit si chaotique que se trouve être celui de l’humain. Pourquoi y a-t-il des choses auxquelles nous croyons, et d’autres que nous voulons rayer de la carte ? Pourquoi l’irrationnel n’aurait-il pas lieu d’être ? Petits, on nous raconte des histoires de vampires, de loups garous et d’anges qui sauvent le monde pour ensuite nous défaire d’illusions en nous expliquant que ce n’est qu’un mythe ? Toujours cet espèce de monde calquer sur la science et la rationalité. Moi je n’ai jamais cru à toutes histoires. Je sais qu’elles sont vraies. Comment, pourquoi ? Je ne sais pas mais une part de moi a toujours su que les histoires peuvent parfois s’avérer réelles.

Cela ne s’explique pas, un peu comme l’amour. Un peu comme le fait que j’ai réellement rencontré un vampire. Et pas une de ces horribles créatures comme l’on vous conte dans les histoires. Non, une magnifique brune au teint neigeux que je n’arrive pas à oublier. Je sais que c’est un vampire, je l’ai su au premier regard. Comme j’ai su qu’elle ne passerait pas simplement dans ma vie sans y appartenir. Je ne voulais pas qu’elle ne soit qu’un simple spectateur dans ma vie de mortelle, je voulais qu’elle y joue le rôle principal. Je le veux toujours d’ailleurs et je m’évertue à le lui faire comprendre. Cette relation semble vouée à l’échec, je vous l’accorde mais j’ai toujours eu foie aux causes désespérées. Nulle cause n’est perdue tant qu’il reste un pauvre fou pour y croire. Je reste persuadée que c’est possible, que je peux supporter le fait qu’elle tue d’autres êtres vivants, qu’elle massacre des populations entières tant que son regard s’attarde dans le mien. Et pourtant, elle m’échappe toujours, refusant de me blesser sans doute elle continue à fuir et je souffre de cette situation. Parce que quand elle n’est pas là, elle peut être avec n’importe qui. Parce que je sais qu’elle est magnifique et qu’elle est en capacité d’avoir tout ce qu’elle veut. Parce que je sais que chaque fois que je l’imagine dans le lit d’une autre, mon cœur se brise un peu plus et mon âme se voile de tristesse.